Sapeurs 2ème Empire
Marc Dymyd, Sergent-Sapeur
AchilleHubert, Caporal-Sapeur
2011
Traditionnellement, une Saperie ouvre toujours la marche dans les Compagnies de l'Entre-Sambre-et-Meuse. Militairement, elle évoque la tête de colonne des armées du dix-neuvième siècle, constituée par des troupes du Génie. Uniformologiquement, la question est moins simple. Diverses explications quant au port du tablier de toile, voire de dentelle, coexistent : aucune n'est pleinement vérifiée pour suciter une réelle adhésion.
Beaucoup prétendent que les Sapeurs de nos Marches s'étaient équipés dans des dépôts de la Grande Armée et portaient, au départ, des tabliers de cuir (comme nos sapeurs du premier empire, grenadiers ou autres). Les uniformes se déteriorant avec les années, on aurait été amené à les remplacer par des articles moins chers : tablier de toile et costume moins prestigieux, ou à la mode du moment. Comment expliquer la dentelle cependant ?!
D'autres sont persuadés que le tablier de toile est le tablier original des sapeurs du folklore. Nos sapeurs perpétueraient la tradition de leurs prédécesseurs parodiant les sapeurs de l'Empire dans le climat anti-napoléonien de l'après Waterloo. Parodie et Procession religieuse, drôle d'amalgame !
L'explication la plus vraisemblable est la suivante. Nos sapeurs sont les héritiers d'un folklore plus ancien que nos Marches, celui des "hommes sauvages" portant des tuniques recouvertes de feuilles (généralement de lierre) et qui ouvraient la route des cortèges et processions à coups de haches ou de massues(1). Leur présence est attestée dans les Saint-Feuillen de 1737, 1771 et 1802 à Fosses-la-Ville ( www.chinels.be/origine.htm). On rencontre aussi ces "hommes de feuilles" à la ducasse de Mons; ils sont chargés de porter le dragon. Le Sergent-Sapeur, pour sa part, se situe encore dans la lignée des massiers qui précédaient les cortèges et processions depuis le Moyen-Age, comme en attestent des oeuvres représentant l'Ommegang de Bruxelles, ou les cortèges de rentrée académique de l'Université de Louvain. La filiation est claire lorsqu'on voit un Sergent-Sapeur porter une masse d'arme, bien que, le plus souvent, celle-ci soit remplacée par une bêche ou, plus rarement, par une scie. (www.mbhr.be/pelotons.php)
(1) Cette tradition s'expliquerait par le fait des saisons : le retour de la végétation au printemps (le perpétuel retour de la nature à peu près en rapport avec le début du calendrier de nos Marches) et qui tiendrait lieu, grosso modo, de pendant au Grand Feu qui s'achève par la pendasion du bonhomme Hiver. En deux mots, un rite païen, repris dans le cadre de processions comme, par exemple, la circumambulation dans les cérémonies d'obsèques à l'église où l'on "découpe" le défunt du monde des vivants en lui rendant un dernier hommage.